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Patients suffering from cholera receive treatment at a rural isolation centre in Wad Al-Hilu in Kassala state in eastern Sudan, on August 17, 2024. Sudan's health minister on August 17 declared a cholera epidemic after weeks of heavy rain in the war-torn country, in a video released by his ministry. The northeast African country has been engulfed in a war since April 2023 between the Sudanese army under the country's de facto ruler Abdel Fattah al-Burhan and the paramilitary Rapid Support Forces (RSF), led by his former deputy Mohamed Hamdan Daglo. (Photo by AFP)

Alors que les combats font rage au Soudan, une autre menace se répand dans les eaux stagnantes et les camps de fortune du pays. Le choléra, fléau oublié des grandes crises internationales, est en train de s’imposer comme le visage insidieux de la guerre civile soudanaise.

Selon l’Unicef et le bureau onusien des affaires humanitaires, plus de 33 millions de personnes, dont près de six millions d’enfants de moins de cinq ans, sont désormais menacées par la maladie.

Les déplacements massifs de population et l’effondrement du système de santé publique provoqués par plus d’un an et demi de conflit ont créé les conditions idéales pour une flambée épidémique incontrôlable. Et la maladie ne connaît plus de frontières : des cas ont été signalés au Tchad et au Soudan du Sud.

« Sans soutien supplémentaire, le nombre de cas et de décès va augmenter, les fournitures vont s’épuiser et l’épidémie risque d’aggraver encore la situation humanitaire déjà désastreuse », ont prévenu jeudi les deux agences, lors d’un point sur la situation.

Une progression implacable

Depuis le début de l’année, 32.000 cas suspects ont été recensés, dont 742 décès. Entre juillet 2024 et juin 2025, le pays a enregistré plus de 83.000 cas et 2.121 morts, répartis sur la quasi-totalité du territoire. Seul le Darfour central, dans l’ouest, semble pour l’heure épargné.

Dans les camps de déplacés internes, 11.500 cas et 165 décès ont été signalés. Quant aux sites de réfugiés soudanais dans les pays voisins, ils font état de 278 cas et 15 morts.

Les foyers les plus critiques ? Le Darfour Nord et la région du Kordofan, au centre du pays, où la violence persistante et les déplacements continus alimentent la propagation de la maladie. À eux seuls, ces deux territoires comptent 4.400 cas suspects et 236 décès.

La saison des pluies : un catalyseur mortel

Comme si la guerre ne suffisait pas, la saison des pluies s’installe. « Le risque d’inondation est accru, ce qui pourrait contaminer davantage les sources d’eau et intensifier l’épidémie », alerte le Bureau des affaires humanitaires. À Khartoum, où près des trois quarts des établissements de santé sont fermés, les capacités de réponse sont quasi nulles.

La déliquescence des infrastructures — stations d’épuration détruites, centres de santé pillés, électricité coupée — prive des millions de personnes d’eau potable, de sanitaires et de soins. Et le choléra prospère sur les décombres d’un État en lambeaux.

Une réponse sous perfusion

Face à l’urgence, la réponse humanitaire s’organise. Plus de 3 millions de doses de vaccin oral ont été livrées, et 1,3 million de personnes ont déjà été vaccinées à Khartoum. Trois millions de doses supplémentaires sont en cours d’acheminement vers les États les plus exposés.

En parallèle, 2,5 millions de personnes ont eu accès à une eau plus salubre depuis le début de l’année. Mais ces efforts restent fragiles : sans un financement accru, ils pourraient s’interrompre brutalement.

Les agences humanitaires réclament 50 millions de dollars pour maintenir et intensifier les opérations de lutte contre le choléra jusqu’à la fin de 2025.

Le choléra, maladie évitable, devient ici le révélateur d’un effondrement plus vaste. Alors que l’attention du monde reste tournée vers les lignes de front, l’épidémie avance en profondeur, creusant un peu plus l’abîme humanitaire soudanais.

Distribué par APO Group pour UN News.

 

 

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