La Fédération internationale des journalistes (FIJ) condamne avec la plus grande fermeté les menaces, campagnes de harcèlement et tentatives d’intimidation, notamment sur les réseaux sociaux, visant Jean-Claude Coulibaly, président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) et membre du Comité directeur de la Fédération des journalistes africains (FAJ), ainsi que Daouda Coulibaly, journaliste ivoirien.
Jean-Claude Coulibaly
Ces attaques font suite à leurs prises de position publiques et à leurs analyses critiques sur la situation de la liberté de la presse au Burkina Faso.
Depuis plusieurs jours, les deux journalistes font l’objet d’attaques coordonnées sur les plateformes numériques, relayées par des comptes se revendiquant du pouvoir burkinabè ou agissant en son soutien. Ces agissements les exposent à des menaces explicites, à des appels à la haine et à un climat de pression particulièrement alarmant. Ils constituent une atteinte directe à leur sécurité et relèvent d’une stratégie d’intimidation incompatible avec les obligations internationales des États.
La FIJ alerte tout particulièrement sur la gravité des propos tenus publiquement par le chef des autorités burkinabè, Ibrahim Traoré, à l’encontre des médias et des journalistes, recourant à un vocabulaire injurieux et déshumanisant.
Lorsque de tels discours émanent du sommet de l’État, ils contribuent à légitimer les campagnes de harcèlement en ligne, à encourager les menaces et à exposer directement les journalistes à des violences, y compris au-delà des frontières nationales.
La FIJ rappelle que la liberté d’opinion, d’expression et de la presse sont des droits fondamentaux garantis par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, juridiquement contraignant pour les États parties. Ces textes protègent explicitement le droit de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations et des idées sans considération de frontières, y compris par voie numérique.
Conformément à ces obligations, les autorités ont un devoir positif de prévention, de protection et d’enquête, y compris face aux menaces et au harcèlement en ligne.
Jean-Claude Coulibaly, président de l’UNJCI, a déclaré : « Les attaques que nous subissons aujourd’hui, Daouda Coulibaly et moi-même, se déroulent principalement sur les réseaux sociaux. Elles ne relèvent pas du débat démocratique : elles visent à intimider et à faire taire. Mais informer, analyser et critiquer n’est pas un crime. C’est le fondement même du journalisme. »
La Fédération des journalistes africains (FAJ) exprime sa solidarité totale envers les deux journalistes et met en garde contre la banalisation des violences numériques visant la presse sur le continent africain.
Son président, Omar Faruk Osman, souligne : « Le harcèlement en ligne, lorsqu’il est toléré ou encouragé par le pouvoir, devient une arme politique. Il constitue souvent le prélude à des violences bien réelles. La FAJ restera pleinement mobilisée. »
La FIJ tient les autorités burkinabè pleinement responsables de toute atteinte à l’intégrité physique ou morale, y compris consécutive à des campagnes numériques, visant Jean-Claude Coulibaly, Daouda Coulibaly ou tout autre journaliste pris pour cible en raison de son travail ou de ses opinions.
Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, a ajouté : « Les campagnes de menaces et de harcèlement sur les réseaux sociaux ne sont pas des faits anodins. Lorsqu’elles sont liées au pouvoir ou à ses relais, elles engagent directement la responsabilité des autorités. Critiquer un régime n’est pas une menace pour un pays. Menacer des journalistes, y compris en ligne, constitue une violation grave du droit international. »
La FIJ appelle les autorités burkinabè à mettre fin immédiatement à toute rhétorique hostile envers la presse, à condamner publiquement les menaces et les campagnes de harcèlement en ligne, et à garantir la sécurité des journalistes. Elle poursuivra la documentation de ces violations et se réserve le droit de saisir les mécanismes internationaux compétents, notamment au sein des Nations unies.
La liberté de la presse n’est ni une provocation ni une menace. Elle est un droit fondamental.
Pour le Secrétariat exécutif de la FIJ
Anthony Bellanger































