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Tout semblait pourtant réuni pour une victoire du parti au pouvoir à Béoumi lors des législatives de 2025. Au vu des investissements publics visibles, de la promotion de cadres locaux et du recul notable du PDCI-RDA dans la zone, la victoire du candidat du parti au pouvoir paraissait imparable. Mais contre toute attente, le parti présidentiel a trébuché dans le “Kodeland”. Au cœur de cette contre-performance, les divisions internes et l’incapacité du coordonnateur régional adjoint, Sidi Tiemoko Touré, à fédérer les forces du parti autour d’un projet commun comme l’a plus ou moins réussi à Bouaké Commune et Brobo, Bounda, Mamini et Bouaké Sous -préfecture le maire Amadou Koné et à Diabo et Languibonou le ministre Assahoré Konan Jacques. Ce n’est un secret pour personne qu’à Bouaké, Touré Souleymane était mécontent de son éviction et qu’à Brobo, Louis Kouakou-Habonouan dit Empirus menaçait d’aller en indépendant. Il a été contraint par sa coordination à revenir sur sa décision. A Diabo-languibonou, le secrétaire départemental RHDP, Kouassi Ferdinand dit Watchard Kedjebo, avait aussi menacé d’aller en indépendant. Il a freiné des quatre fer, car, finalement la coordination l’en a dissuadé.

Manque de pot pour le parti au pouvoir à Béoumi, le coordonnateur régional adjoint, Sidi Touré, n’est pas parvenu à instaurer la dynamique d’unité au sein de la formation présidentielle. Une frange importante du parti, conduite notamment par Jean-Marc Kouassi, secrétaire départemental du RHDP et maire de la commune de Béoumi, ainsi que par Doumbia Mamadou, dit Warifatchai, influent homme d’affaires proche du RHDP, s’est progressivement éloignée de la coordination régionale adjointe. Ces dissensions ont fragmenté l’électorat RHDP, affaiblissant la machine électorale pourtant bien implantée au fil des années de lutte. A cette crise interne se sont ajoutées de nombreuses rumeurs et accusations, largement relayées dans l’opinion locale, qui ont contribué à ternir l’image du ministre Sidi Touré auprès d’une partie des populations. Parmi les griefs souvent évoqués, l’on note l’accusation de s’être approprié des terres autochtones dans le cadre du projet de retour du Centre National Ovin (CNO). Il faut aussi noter le reproche d’avoir favorisé l’implantation de l’escadron de gendarmerie à Marabadiassa, au détriment de Béoumi.
Il a pesé sur le ministre Sidi Touré des soupçons de déplacement de projets initialement destinés à Béoumi vers Marabadiassa.

D’ailleurs la crainte qu’il envisage d’ériger Marabadiassa en chef-lieu de département, au détriment de Bodokro n’a pas rassuré les populations Goli et Kode de Béoumi. Qu’elles soient fondées ou non, ces accusations ont nourri un climat de méfiance et affaibli la crédibilité politique du coordonnateur régional adjoint. Il s’agit assurément d’une leçon politique pour le RHDP. La défaite du parti au pouvoir à Béoumi lors des législatives de 2025 démontre une fois de plus que les infrastructures et les nominations ne suffisent pas à garantir une victoire électorale. L’unité, l’écoute des bases et la cohésion des cadres locaux restent des facteurs déterminants. A Béoumi, ce ne sont pas tant les réalisations du Président de la République qui ont été sanctionnées, mais plutôt les fractures internes du parti au pouvoir et la perception d’un leadership local contesté.
Arrivé en tête, le candidat du Pdci-Rda, Blessy Chrysostome, comptabilise 5734 voix, suivi de l’indépendant issu des rangs du RHDP avec 4628 voix et du candidat officiel du RHDP Sidî Touré qui a obtenu 3559 voix. Le calcul se fait de lui-même. Le RHDP officiel a perdu de 2175 voix face au Pdci-Rda officiel. Mais sur 15073 suffrages exprimés pour sept candidatures, le RHDP et son indépendant le plus en vue (il y en a deux autres) cumule 8187 voix contre 5734 voix pour le candidat du Pdci-Rda.

À l’analyse des chiffres, les deux portions du RHDP en rupture de banc doivent être en ce moment en train de ruminer respectivement une colère. L’on comprend aisément pourquoi le ministre Sidi Touré, coordonnateur régional adjoint, a pris une mesure de suspension du secrétaire départemental RHDP Jean Marc Kouassi et du responsable des jeunes Kouadio Hermann,0 trois jours avant les élections. Il s’agit assurément d’une leçon que le RHDP devra impérativement méditer s’il veut reconquérir durablement le cœur du “Kodeland” et d’autres localités.

Alla Kouamé

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