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La dimension psychologique de la colonisation assimilatrice française en Afrique qui est plus insidieuse et dévastatrice que ses implications économiques et politiques qui peuvent être réparées à coup de révolution, est celle qui aura la plus longue vie justement parce qu’elle a été une entreprise réussie « d’effacement civilisationnel».

Nos rapports à ce qui a du sens et de la valeur, nos références intellectuelles et philosophiques, la définition de nos objectifs de vie et les délibérations des instances de notre tribunal intérieur, ont tous été formatés par cette colonisation particulière.

La pire des prisons dit-on elle celle dans laquelle on s’enferme soi-même.

L’Ecole, le Droit et l’architecture institutionnelle de gouvernance de nos États, veillent méthodiquement à valider l’allégeance de notre subconscient à la supériorité de ces normes instillées en nous par ladite colonisation et qui nous poussent à croire et à faire confiance prioritairement aux préconisations venues de France ou d’Occident.

La célèbre marche nous dit que la vérité nous vient du nord et les honnêtes gens nous rappellent que la raison est Hélène et l’émotion Nègre.

Dès lors, nos administrations sont hantées par des personnes de grande qualité et de grande technicité, mais les conseillers les plus écoutés par ceux qui décident sont ceux qui viennent d’ailleurs ou du moins ont la bonne couleur.

Quelq’un qui décide après une de mes analyses sur une question structurante de la marche de nos pays s’est écrié :  » Comment se fait-il que nous avons des gens comme ça chez nous et nous allons rechercher des conseillers ailleurs ? »

J’ai simplement suggéré à cette honnête personne que la réponse à son interrogation se trouve dans la formulation de celle-ci.

Finalement, le plus grand allié qui agit comme un moteur turbo de la perpétuation de cette dimension psychologique de la colonisation est ce complexe d’infériorité ancré en nous et qui nous fait croire que ce que pensent les autres est meilleur à ce que nous pensons nous.

Le prêt-à-penser et la répétition du narratif des autres ont ainsi anesthésié notre capacité à réfléchir par nous-mêmes, toute chose qui explique que les autres réfléchissent et ébauchent des solutions pour nous en tout.

Nous nous en formalisons de bonne foi certainement sans jamais prendre la peine de rechercher le pourquoi de cela.

Le mépris dont nous sommes très souvent ( trop souvent peut-être) objet de la part des autres, vient du fait que nous avons la pudeur d’assumer face à eux ce que nous sommes et que nous mêmes détestons inconsciemment.

S’indigner ne suffit peut-être plus . Il est temps d’agir afin de changer les choses parce qu’il n’est jamais tard.

Cette protestation que j’ai entièrement rédigé dans la voiture qui me ramenait à Abidjan est arrivée involontairement dans mon esprit pendant des échanges très instructifs avec mes collaborateurs qui s’occupent de mes chèvres.

Très bon Djouman et Week-end à tous.

Prof. Moritié

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