Il arrive un moment dans la vie d’une Nation où l’essentiel doit reprendre toute sa place. Un moment où l’on comprend que l’État n’est pas un enjeu de circonstances, mais un héritage commun à préserver, à transmettre et à renforcer. La Côte d’Ivoire se trouve à ce carrefour de responsabilité, où la lucidité doit guider l’action et où l’avenir doit éclairer le présent.
Le sens de l’État commence par une conviction simple et profonde : la Nation nous précède et nous survivra. Nous ne sommes pas propriétaires de l’État ; nous en sommes les dépositaires temporaires. Servir l’État, c’est accepter cette humilité fondatrice, cette conscience que chaque décision engage non seulement notre génération, mais aussi celles qui viendront après nous.
Gouverner avec le sens de l’État, ce n’est pas rechercher l’éclat immédiat ni céder aux passions du moment. C’est inscrire l’action publique dans le temps long, dans la cohérence et dans la stabilité. C’est savoir parfois renoncer à ce qui flatte aujourd’hui pour protéger ce qui unira demain. C’est faire le choix de la continuité plutôt que de la rupture, de la construction patiente plutôt que de la précipitation.
La transmission est au cœur de toute vision nationale durable. Elle n’est ni un repli sur le passé ni une nostalgie. Elle est un acte de responsabilité. Transmettre, c’est donner aux générations futures des institutions solides, des repères clairs et une confiance intacte dans l’État. Un pays qui transmet est un pays qui se projette ; un pays qui rompt avec sa continuité fragilise son avenir.
Nos enfants et nos petits-enfants hériteront moins de nos discours que de la qualité de l’État que nous leur laisserons. Ils jugeront notre époque à l’aune de notre capacité à préserver la paix, à renforcer les institutions et à garantir l’équité. Ils nous demanderont si nous avons su penser au-delà de nous-mêmes.
Le devoir envers les générations futures impose une responsabilité collective. Il concerne les dirigeants, les institutions, mais aussi chaque citoyen. La construction nationale est une œuvre partagée, qui exige le dialogue, le respect des règles communes et la confiance mutuelle. Lorsque l’État est respecté, le peuple est rassemblé. Lorsque le peuple est rassemblé, l’avenir devient possible.
Les grandes Nations ne se bâtissent pas dans la confrontation permanente. Elles s’édifient dans la stabilité, la discipline républicaine et la fidélité aux principes fondamentaux. Un État fort est un État qui rassure, qui protège et qui unit, quelles que soient les différences politiques, sociales ou culturelles. C’est ainsi que se consolide la paix durable.
La Côte d’Ivoire porte une tradition précieuse de dialogue, de retenue et de sagesse politique. Cette tradition est une force. Elle doit être consolidée et transmise, non comme un héritage figé, mais comme une source vivante d’inspiration pour l’avenir.
Une Nation se consolide lorsque la sagesse guide l’action publique, lorsque le dialogue l’emporte sur la passion, et lorsque l’État demeure plus fort que les hommes qui le servent.
Le sens de l’État se manifeste lorsque la Nation avance ensemble, sans exclusion, sans revanche, sans peur.
À l’heure où le monde traverse de profondes mutations, notre responsabilité est claire : préparer l’avenir sans compromettre la paix du présent, renforcer l’État sans l’opposer au peuple, et bâtir une Nation où chaque génération trouve sa place et sa dignité. C’est ainsi que se construit une Côte d’Ivoire forte, respectée et confiante en son destin.
Rassembler, transmettre et préparer l’avenir : telle est la mission de toute génération consciente de son devoir envers la Nation.
Car une Côte d’Ivoire unie aujourd’hui est la plus grande promesse que nous puissions offrir à celles et ceux qui viendront demain.
À Abidjan, le 18 décembre 2025
Yaya Fofana
Président du Mouvement des Forces d’Avenir (MFA)
































