Le 7 décembre n’est pas une date comme les autres en Côte d’Ivoire.
C’est le jour où la Nation se souvient du Président Félix Houphouët-Boigny, père fondateur de notre République, rappelé à Dieu en ce même jour, et qui a fait le choix historique de la paix comme socle de notre vivre-ensemble.
En cette date chargée d’histoire et de mémoire, il est impossible de ne pas saluer la grandeur de l’homme, d’honorer son héritage et de rappeler que la stabilité dont nous bénéficions aujourd’hui est le fruit d’une vision, d’un comportement et d’une philosophie politique qu’il nous revient de préserver.
Rendre hommage à Houphouët-Boigny, c’est reconnaître qu’il a offert à la Côte d’Ivoire ce que peu de nations ont eu la chance de recevoir : la paix comme héritage et la sagesse comme patrimoine.
C’est affirmer notre fidélité à son œuvre.
C’est renouveler notre engagement à faire vivre l’esprit de dialogue, de tolérance et d’unité qui fut sa signature.
Dans une région où les équilibres s’effondrent, où les institutions sont bousculées et où les constitutions deviennent parfois trop flexibles, notre pays apparaît encore comme l’une des dernières terres de stabilité et d’espérance. Cette stabilité n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de choix assumés, souvent difficiles, posés au fil des années par ceux qui ont dirigé avec constance et ont placé la paix au-dessus de tout, dans la droite ligne de l’enseignement du Président Houphouët-Boigny.
Depuis plus d’une décennie, une direction claire a été donnée à la Nation : reconstruire, stabiliser, moderniser, restaurer la confiance. Ce cap a permis à la Côte d’Ivoire de retrouver son souffle après des années de tourments. Le Président Alassane Ouattara l’a rappelé à maintes reprises : la paix n’est pas simplement une condition du développement ; elle en est la source et la garantie. En ce 7 décembre, cette vérité prend une profondeur nouvelle, parce qu’elle fait écho à la vision du premier Président de la République.
Autour de nous, les crises qui frappent le Sahel et l’Afrique de l’Ouest ne sont pas des accidents isolés. Elles sont le résultat d’un affaiblissement progressif des règles, de l’érosion des contre-pouvoirs et d’un éloignement entre gouvernants et gouvernés. Lorsque les textes perdent leur force, les nations perdent leur boussole. Et lorsqu’une nation perd sa boussole, la force, parfois, prend la place du dialogue. En ce jour de mémoire nationale, nous devons tirer les leçons de ces réalités et rester fidèles à l’exemple d’Houphouët-Boigny : préférer toujours le dialogue à la rupture, la stabilité à l’aventure.
La Côte d’Ivoire ne peut ni ignorer ni sous-estimer ce que vivent ses voisins. Ce que la région traverse doit être vu comme un avertissement : la paix est un bien fragile, et les institutions sont des piliers qu’il faut protéger avec vigilance, respect et loyauté. Notre pays doit rester fidèle à l’esprit qui l’a maintenu debout depuis plus de dix ans : prévisibilité, discipline républicaine et respect de la parole donnée, dans la continuité d’une tradition houphouëtiste qui fait passer l’intérêt général avant les calculs immédiats.
Il existe des moments rares où la destinée d’un pays dépend de la clairvoyance d’un seul homme. Des instants où la stabilité d’une nation se confond avec la sagesse de celui qui la guide. La Côte d’Ivoire a connu ces moments avec le Président Félix Houphouët-Boigny, et elle les connaît encore aujourd’hui. Les progrès visibles accomplis durant ces années n’ont été possibles que parce qu’une main ferme a maintenu le cap de la paix, en assumant l’héritage de celui qui a fait de la réconciliation et du dialogue une méthode de gouvernement.
Mais l’Histoire n’interpelle pas seulement les dirigeants lorsqu’ils bâtissent ; elle les interpelle aussi lorsqu’ils transmettent. La véritable grandeur n’est pas dans la durée, mais dans la capacité à préparer une continuité apaisée, fidèle à l’esprit de ceux qui ont fondé la Nation. Le Président Félix Houphouët-Boigny nous a légué un principe intemporel : la paix comme comportement, comme exigence quotidienne, comme boussole de l’action publique. Ce principe doit guider les choix qui engagent notre avenir collectif, notamment dans les périodes de transition ou de décision majeure.
Notre pays a connu des avancées majeures : infrastructures, modernisation, croissance, retour de la confiance internationale. Ces acquis sont réels, mais ils n’auront de sens que s’ils reposent sur un socle institutionnel stable et incontestable. Il ne sert à rien de bâtir des ponts si la confiance entre le peuple et ses institutions se fissure. Il ne sert à rien de construire des routes si la route politique se brouille. En ce 7 décembre, jour de recueillement national, nous devons affirmer que l’héritage d’Houphouët-Boigny exige des institutions fortes, respectées et prévisibles.
C’est pourquoi j’appelle à une nouvelle boussole nationale : Paix – Discipline – Responsabilité.
La Paix, parce qu’elle est notre première richesse, l’héritage le plus précieux légué par le père de la Nation.
La Discipline, parce qu’elle protège nos institutions et évite les dérives qui fragilisent les États.
La Responsabilité, parce qu’elle élève chacun au-dessus de l’ambition personnelle pour servir le bien commun et honorer la mémoire de ceux qui ont bâti le pays.
Dans notre tradition spirituelle, il est dit que Dieu renforce la maison qui respecte ses piliers. Cette vérité traverse les siècles. Elle s’applique aux familles, aux dirigeants et aux nations. La stabilité ne se maintient pas par la force, mais par la droiture, la cohérence et la fidélité aux règles qui nous unissent. En ce 7 décembre, nous avons le devoir moral de montrer que la Côte d’Ivoire reste cette maison qui respecte ses piliers : la paix, la loi, la loyauté républicaine.
La Côte d’Ivoire peut être le phare de l’Afrique de l’Ouest en ces temps de tourmente. Elle peut montrer qu’une nation peut rester stable sans militarisation, forte sans autoritarisme, prospère sans contestation permanente. Mais cela exige que chacun, gouvernants, institutions, citoyens, reste fidèle à l’esprit qui a permis jusqu’ici notre stabilité : le respect du cadre républicain, la continuité de la paix, et la fidélité à la ligne houphouëtiste adaptée aux défis d’aujourd’hui.
Il n’y a pas de gloire plus grande pour un dirigeant que de laisser un pays en paix, un peuple confiant et une nation debout. En ce jour anniversaire de la disparition du Président Félix Houphouët-Boigny, nous mesurons que la vraie victoire d’un chef d’État n’est pas seulement ce qu’il réalise de son vivant, mais ce qu’il rend possible après lui. C’est dans ces moments que la vision devient héritage, que l’héritage devient lumière, et que la lumière protège les générations à venir.
La paix est une lumière : elle s’éteint quand les règles s’assombrissent, et elle brille lorsque la justice respire.
Que cette lumière ne s’éteigne jamais en Côte d’Ivoire, et que la mémoire du Président Félix Houphouët-Boigny continue d’inspirer ceux qui gouvernent aujourd’hui et ceux qui gouverneront demain.
Fait à Abidjan, le 7 décembre 2025
Yaya Fofana
Président du MFA































