Chaque matin des jours ouvrables, après avoir accompagné ma fille sur le chemin de l’école, je fais le tour du quartier à pieds afin d’améliorer ma santé.
Je vois toujours un homme d’un certain niveau de vie (il possède une immense villa et deux superbes voitures de grandes cylindrées qui ne sont pas des « France aurevoir », preuve que comme on le dit chez nous : c’est quelqu’un qui a un peu), balayer non seulement devant sa maison, mais aussi le pan de la voie bitumée qui longe sa villa. Je lui dis toujours bonjour en guise d’approbation.
Et chaque fois je compare son geste à celui des villageois de Brindoukro chez moi qui chaque matin balaient non seulement à l’intérieur de leurs maisons mais aussi leurs devantures et le pan de la route qui les longe.
C’est ainsi que le village est toujours propre comme un salon de thé. Lorsque je vais dans d’autres villages de notre pays pour une raison ou pour une autre, je fais le même heureux constat. Les villageois sont propres et aiment vivre dans un environnement propre et sain.
Alors, arrive involontairement dans mon esprit, cette question : « Pourquoi nous ne reproduisons pas la même attitude lorsque nous sommes en ville ? »
Un ami qui a beaucoup d’idées, m’a répondu lorsque j’ai formulé à haute voix cette question de mon tribunal intérieur en sa présence : « En ville, il y a la Mairie et tous les services compétents de l’État dont c’est le rôle et la mission de veiller à la salubrité publique. »
Il a forcément raison (puisqu’il sait beaucoup de choses), sauf que certains ont une compréhension très extensive de ce rôle et de cette mission de la Mairie et des services compétents du gouvernement au point de penser que c’est à eux de venir nettoyer leurs chambres à coucher, ce qui est totalement déloyal.
J’ai beaucoup réfléchi à tout cela et je suis arrivé à la conclusion que l’insalubrité de nos villes vient d’abord du manque de conscience civique des citadins à contribuer à l’amélioration du cadre de vie commun
qu’ils partagent avec d’autres dans les villes qui sont avant tout anonymes.
Il ne s’agit donc pas d’être riche ou pauvre, mais d’avoir cette conscience et volonté de vivre dans un environnement propre et sain comme dans nos villages en considérant psychologiquement que où nous vivons en ville est aussi notre village mais en plus grand avec des gens qui ne sont pas notre famille.
À Daloa lorsque nous étions enfant, cette exigence de la vie en ville était quotidiennement rappelée à tous par le responsable du Service d’Hygiène de la Mairie ( un homme vieux et sec rendu imperméable à une quelconque compassion par l’habitude de ne pas faire confiance en la bonne volonté des gens), qui taxait sans état d’âme ceux qui refusaient de se faire à cette idée.
Sa présence dans un quartier était toujours source d’animation des populations qui se pressaient pour mettre de l’ordre devant chez elles. Son image était même utilisée dans certaines familles pour effrayer les enfants récalcitrants qui refusaient de se laver par exemple.
Le Ministère ou le Bureau du Gouvernement qui s’occupe des questions d’environnement doit d’inspirer de ce qui se faisait à Daloa et de l’intransigeance de ce responsable du Service d’hygiène de la Mairie pour amener les populations de nos villes à composition.
Prof. Moritié
































