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Alors que «l’instabilité persistante de la sécurité et les déplacements forcés» se poursuivent dans certaines localités des régions du centre et du nord du Mali, les femmes sont de plus en plus exposées à des risques accrus de violence sexiste, a alerté une agence de l’ONU.

Détaillant les résultats d’une enquête menée en mai dernier, l’agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA) fait état «d’une hausse des cas de violences sexuelles dans les sites de déplacés internes et les zones de conflit». Le rapport cite des cas «d’exploitation sexuelle, de harcèlement et de mariage forcé».

Cette vulnérabilité intervient dans un contexte «humanitaire critique» dans certaines localités du Sahel central, en particulier pour les femmes exposées à des risques accrus de violences sexuelles, mais aussi «privées d’un accès adéquat aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR).

Selon l’agence onusienne, le mois de mai 2025 a été marqué par une intensification de la violence armée, notamment dans les régions de Tombouctou, Gao, Mopti et Ménaka, avec une recrudescence des attaques des groupes armés. Ces violences ont provoqué de nouveaux déplacements massifs.

L’accès aux services de santé est extrêmement limité

Le nombre de personnes déplacées internes a presque atteint le cap des 380.000, contre 330.000 en mai 2024, soit une hausse de près de 15 %. «Les femmes et les filles sont au cœur de ces vulnérabilités et sont affectées de manière disproportionnée par cette insécurité et la crise humanitaire», a indiqué l’UNFPA.

Sur les 6,4 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire, plus de la moitié sont des femmes et des filles, dont beaucoup vivent dans des zones où l’accès à la protection et aux services de santé est extrêmement limité, selon l’agence.

Or actuellement, moins d’un quart des établissements de santé dans les régions touchées par la crise fournissent des soins de santé sexuelle et reproductive complets ou un soutien aux survivants de la violence liée au sexe.

Près de la moitié des services spécialisés dans ce domaine restent fermés à l’échelle nationale. Les régions les plus affectées sont Gao (76%), Ménaka (77%), Mopti (56%), Tombouctou (80%).

Sur le terrain, les équipes de l’UNFPA continuent d’intensifier leur réponse humanitaire, en soutenant 86 établissements de santé, six espaces sécurisés pour les femmes et les filles, et sept centres à guichet unique dans les régions les plus touchées du centre et du nord (Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Ménaka).

Déficit de financement «colossal»

Au cours du seul mois de mai, les équipes sanitaires mobiles ont fourni des services de santé sexuelle et reproductive et de lutte contre la violence liée au sexe à près de 3.000 personnes dans les camps de déplacés dont 80 % de femmes et de jeunes filles.

Les sage-femmes ont fourni des soins prénatals, postnatals et d’accouchement, tandis que des kits de dignité et des fournitures de santé reproductive ont été distribués dans les zones touchées par les inondations et les conflits.

Dans tout le Mali, près de 900.000 femmes et filles sont ciblées pour les services de santé reproductive ou les programmes de lutte contre la violence sexuelle.

Cependant, la réponse reste gravement sous-financée. Sur l’Appel de fonds de cette année d’un montant de 16,5 millions de dollars américain, l’UNFPA n’a reçu que 2,9 millions. Les équipes de l’agence font donc face à un «déficit colossal de 13,5 millions de dollars » pour aider des milliers de femmes et de filles dans le besoin.

Or «sans un financement supplémentaire urgent», l’ampleur et la durabilité des programmes de lutte contre les violences sexuelles et des services de santé reproductive sont menacées au Mali.

Source: Unfpa

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