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Quand la personne qui se présente comme victime tombe amoureuse de son violeur, la relation devient fusionnelle. Et cela prend le nom de syndrome de Stockholm.
Le syndrome de Stockholm est décrit comme une situation, fondamentalement paradoxale, où les agressés vont développer des sentiments de sympathie, d’affection, voire d’amour, de fraternité, de grande compréhension vis-à-vis de leurs agresseurs. Il y a souvent adhésion à la cause des agresseurs. Et c’est ce qui se passe depuis quelque temps entre le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, l’ancien chef rebelle ivoirien. Ceux qui se disent victimes des affres de la rébellion de Guillaume Soro, comme l’écrit ce mardi le journal Notre Voie, n’hésitent pas porter le combat de ce dernier. Alors que ce quotidien officiel du FPI estime que les crimes de la rébellion commis à l’ouest du pays sont toujours impunis, on le voit maladroitement en train de tenter de blanchir Guillaume Soro dans ce qu’il considère comme gravissime.
Le paradoxe du FPI

Nulle part dans le texte, le nom de Guillaume Soro figure. «Dix ans après la prise du pouvoir par le régime Ouattara dans des conditions connues de tous, la région de l’ouest n’a pas encore connu la paix véritable. Les populations, martyrisées par les crimes odieux de la rébellion armée, vivent toujours dans la peur et son confrontées à de sérieux problèmes qui dévastent leur existence», souligne le journaliste dans un article intitulé «derrière la propagande politique, les vrais problèmes de l’Ouest que le Rhdp veut cacher» en page 2 de Notre Voie n°6507 du mardi 1er décembre 2020. Il revient longuement sur les massacres perpétrés par les Forces nouvelles dont le chef était Guillaume Soro, sans toutefois le citer, notamment dans les camps de réfugiés de Nahibly le 20 juillet 2012 et le village de Guitrozon. «La région du cavally a connu également de graves violations des droits humains avec des tueries dans les départements de Toulépleu, Bloléquin et Guiglo. Dix ans après, les auteurs de ces atrocités courent toujours, convaincus d’être couverts par l’impunité.(…) Comment peut-ont faire croire que des populations qui ont subi un tel traumatisme peuvent applaudir leurs bourreaux d’hier», s’interroge le rédacteur. Alors que le journal lui-même est touché de plein fouet par le syndrome de Stockholm. C’est Notre Voie qui se fait abondamment l’écho des prises de position de Guillaume Soro sur la crise liée à l’élection présidentielle 2020, en consacrant une pleine page (Page 3) à la déclaration du clan Soro. Alors que dans «Pourquoi je suis devenu un rebelle», paru il y a des années déjà chez Hachette Littératures, Guillaume Soro qui a revendiqué son rôle de chef rebelle a donné les motivations qui l’ont poussé à conduire une rébellion armée en Côte d’Ivoire. Logiquement, il est responsable au premier degré des nombreuses exactions commises par ses hommes. C’est lui qui porte la responsabilité dans les événements qui ont ensanglanté la Côte d’Ivoire. Et non personne d’autre. Il ne s’en cache pas d’ailleurs. Mais Notre Voie a décidé de faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre.

Yassine Bakayoko

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