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Le monde entier a su le 20 juin 2021 que Laurent Gbagbo veut divorcer d’avec sa femme Simone.

Officiellement, c’est en «raison du refus réitéré depuis des années de dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable» que Laurent Gbagbo «s’est résolu à saisir ce jour le juge des affaires matrimoniales du tribunal de première instance d’Abidjan d’une demande de divorce».

Une séparation amiable aurait pourtant représenté la «voie de règlement appropriée à leurs statuts personnel et politique réciproques», selon l’avocat.

Laurent Gbagbo veut depuis quelque temps un divorce par consentement mutuel ou divorce amiable, mais Simone ne veut rien entendre. Une situation de bras de fer qui explique la publication de ce document qui vise, selon toute vraisemblance, à prendre l’opinion à témoin.

Là où d’ordinaire les couples qui souhaitent mettre fin à leur mariage civil le font loin des caméras et du regard de la presse.

Ce qu’il faut savoir d’ores et déjà, c’est que cette procédure que Laurent Gbagbo vient d’entamer ne sera pas une partie facile pour lui. Cela va prendre des mois et de l’énergie. Entre quatre mois et une année au moins en première Instance, selon qu’ils s’entendent finalement pour un divorce par consentement mutuel ou pour faute. Si Laurent Gbagbo arrive à documenter un dossier pour faute. Il ne peut divorcer de façon unilatérale.

Nous avons interrogé le code civil ivoirien sur la question. Et l’on apprend que suivant les dispositions de l’article 12 nouveau de la loi N° 64-376 du 07 octobre 1964 relative au divorce et à la séparation de corps, modifiée par les lois n° 83-801 du 02 août 1983 et 98-748 du 23 décembre 1998, les époux, désireux d’obtenir un divorce par consentement mutuel, sont tenus de présenter une requête conjointe, écrite et signée par eux, à laquelle doit être jointe à peine d’irrecevabilité, un projet de convention qui règlent les conséquences du divorce. Simplement exprimé, Laurent et Simone Gbagbo, mariés depuis 1989, qui veulent se séparer aujourd’hui, après 32 ans de vie de couple, doivent s’entendre pour déposer un document commun traduisant leur volonté de ne plus rien avoir à faire ensemble comme mari et femme. Laurent Gbagbo signe et Simone Gbagbo signe. Ce que la seconde refuse pourtant…de bon droit.

Qu’est-ce qui pourrait changer maintenant qu’elle n’ait pu accepter depuis le temps qu’il lui demande de trouver un terrain d’entente et de mettre fin à leur union ? Laurent Gbagbo aura vraiment du mal à se défaire de Simone dans la mesure où les 4 conditions indiquées par le législateur ivoirien pour prononcer le divorce ou la séparation de corps ne sont visiblement pas réunies. A savoir pour cause d’adultère de Simone Gbagbo; pour excès, sévices ou injures graves de l’un envers l’autre; Lorsque le conjoint a été condamné pour des faits portant atteinte à l’honneur et à la considération et s’il y a abandon de famille ou du domicile conjugal quand ces faits rendent intolérable le maintien du lien conjugal ou de la vie commune.

Selon l’état d’esprit dans lequel le divorce est demandé ici, il devrait avoir beaucoup de casses sur la place publique.

Le divorce par consentement mutuel (également appelé divorce amiable) s’il est accepté par Simone Gbagbo serait plus rapide et moins coûteux pour le couple. Surtout leur éviterait d’exposer leur vie privée. Le principe veut que les deux époux soient d’accord non seulement sur le principe même de la fin du mariage civil, mais aussi sur l’ensemble des conséquences du divorce (partage des biens, pension alimentaire, prestation compensatoire…).

Laurent Gbagbo comme Simone ont beaucoup à perdre en cas de divorce. Simone perdra l’usage du nom de son mari Gbagbo. Mais ce principe connaît deux exceptions : Elle pourra conserver l’usage du nom de son mari si celui-ci lui donne son accord. Cet accord n’est jamais définitif. Il est révocable. Quant à Gbagbo, il perdra une partenaire politique avec qui il a co-fondé en 1982 le Front populaire ivoirien (FPI).  Qui les a tous les deux rendus célèbres auprès de nombreux Ivoiriens. Selon le régime sous lequel ils sont unis, Laurent Gbagbo sera contraint de partager à part égale tous ses biens avec Simone ou de lui payer une pension qui sera âprement discutée.

Stéphane Badobré

 

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