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Mesdames et Messieurs les journalistes,

Avant tout propos, nous voudrions vous exprimer notre infinie gratitude, à vous, les professionnels des médias, pour avoir répondu à notre invitation de ce jour. Nous vous remercions aussi pour l’intérêt que vous avez toujours porté aux questions essentielles touchant à la vie de notre nation et au bien-être des ivoiriens et des ivoiriennes. Merci pour l’intérêt que vous portez à la Côte d’Ivoire, notre seule, belle et merveilleuse patrie.

Mesdames et Messieurs,

Chers amis journalistes,

Nous, femmes leaders akans attachées à la paix, à la stabilité et au développement de la Côte d’Ivoire, avons décidé de vous convier ce jour à ce point de presse pour vous exprimer notre vive inquiétude, notre indignation et notre révolte suite aux propos d’une rare violence, des propos porteurs de menaces certaines contre la paix et la cohésion sociale proférés par le président du PDCI-RDA, à l’encontre de nos frères et sœurs étrangers et ivoiriens d’origine étrangère, dont fait partie assurément M. Bédié, même si pendant longtemps il cache à souhait ses origines et son appartenance au royaume Ashanti, au beau pays voisin que nous aimons le Ghana.

En effet, le 5 juin dernier, à l’occasion d’une audience qu’il a accordée à des militants de son parti issus de la délégation communale de Koumassi, le président Bédié a déclaré en substance que des orpailleurs armés, d’origine étrangère ont été déversés dans plusieurs villages pour se livrer au pillage des ressources minières du pays. Il a continué en invitant les ivoiriens à se dresser le moment venu contre les étrangers, contre ce qu’il qualifie de hold-up. 

Dans sa foulée, le président Bédié affirme, sans preuve, que des étrangers seraient convoyés clandestinement dans la commune d’Abobo afin de se faire établir des documents d’identité ivoirienne.

Par ailleurs, le président Bédié soutient que ces mêmes étrangers sont en train d’expulser les ivoiriens de leurs terres et que si rien n’est fait, ces derniers seront dans quelques temps « étrangers dans leur propre pays. »

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Ces propos haineux et erronés, vous les avez déjà entendus, parce que la vidéo qui nous les a rapportés a fait le tour des réseaux sociaux, de la presse nationale et internationale.

Face à la gravité de tels propos, nous sommes en droit de dire que la paix, la stabilité et la cohésion sociale si chèrement acquises après la terrible crise qui a déchiré notre pays sont menacées.

C’est pour cela que nous femmes éprises de paix, nous nous élevons, nous dénonçons et condamnons avec la dernière énergie les propos xénophobes et racistes qui appellent à la haine des étrangers du président du PDCI. Ces propos sont à la fois dangereux, scientifiquement et mathématiquement faux, et ne reposent sur aucune preuve. Car, la Commission Electorale Indépendante, dans le cadre de la mise en place de la liste électorale, a toujours fait preuve de grande transparence. Nous avons un fichier électoral connu de tous.

Faux mathématiquement parce que sur une population d’environ 26 millions d’habitants, le nombre d’électeurs est établi à 6 millions 500 mille, soit 25% de la population contre 54% au Ghana voisin. Au Ghana où avec 29 millions d’habitants, l’on enregistre 16 millions d’électeurs, soit un taux de 54%. S’il est vrai, comme le dit M. Bédié que ce sont les étrangers qui sont enregistrés pour en faire des ivoiriens, dans la perspective des élections, le taux d’électeurs ne serait pas de 25% mais plutôt un taux élevé qui rivaliserait avec celui du Ghana. Or, il n’en est rien du tout. Ce qui revient à dire que les propos de M. Bédié sur la fraude de la nationalité pour en faire un électorat ne reposent sur aucune base réelle. Il fait donc du faux, et dit des contrevérités pour troubler les ivoiriens et le pays.

Comme en 1995, Henri Konan Bédié a décidé à 85 ans révolus, d’être candidat aux élections de 2020. Chose curieuse, les mêmes causes produisant les mêmes effets, voilà qu’il brandit à nouveau son concept de l’ivoirité et de la haine de l’étranger, pour cibler un éventuel électorat sensible à ce discours.

Mais, nous femmes leaders akans attachées à la paix, à la stabilité et au développement de la Côte d’Ivoire, nous disons haut et fort non au retour déguisé de l’ivoirité. Nous disons non à la stigmatisation, non au rejet des étrangers, parce que nos frères et sœurs ressortissants des autres pays ne méritent pas d’être indexés et traités de la sorte. Ils ne méritent pas d’être livrés à la vindicte des affidés du président du PDCI Daoukro.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Il est tout de même surprenant qu’un ancien chef d’Etat puisse tenir de tels propos sans se soucier des conséquences qui peuvent en résulter. Nous nous interrogeons parce qu’en la matière, le président du PDCI n’est pas à son premier forfait.

Nous savons les ravages qu’a entraînés ce concept créé et introduit dans le milieu politique ivoirien par les soins du président Bédié, alors chef de l’Etat : exclusion, stigmatisation, catégorisation, frustration étaient les maître-mots, les dégâts et les déchirements causés par le virus de l’ivoirité au sein de la société ivoirienne, avec bien entendu, son cortège de division dans la classe politique nationale.

Aujourd’hui, au moment où la Côte d’Ivoire se remet de ce traumatisme, au moment où le Président Alassane Ouattara ne ménage aucun effort pour relever le pays de sa chute, voici que contre toute attente, et sans aucune raison, le père-fondateur de l’ivoirité récidive, en lâchant à nouveau ce poison morbide.

Et comme si cela ne suffisait pas, M. Bédié persiste et signe en ressuscitant les défenseurs chevronnés de son concept d’ivoirité, à l’image d’un de ses acolytes, sorti des placards, M. Emile Constant Bombet qui prend un malin plaisir à distinguer les Houphouétistes de ceux qu’il appelle pompeusement « Houphouessiens ». Une façon de donner raison à son maitre Bédié qui, naguère qualifiait certains héritiers d’Houphouët-Boigny d’ « enfants adultérins ». Quelle bassesse ! Donnant ainsi la légitimité à certains de se poser la question de savoir ce qui motive réellement M. Bédié et ses amis. Quelle calamité.

Mesdames et Messieurs,

Chers journalistes,

La Côte d’Ivoire, notre pays, n’a assurément pas besoin de ces personnalités d’une autre époque qui n’ont d’yeux que pour leur propre personne. Elle a plutôt besoin d’intelligences pour relever le défi de l’émergence. Ce n’est donc pas le moment de faire peur à nos frères et sœurs étrangers et aux ivoiriens d’origine étrangère, en appelant à la « fatwa » contre ceux-ci. Car ils ne sont, en aucune façon, une menace pour la Côte d’Ivoire. Au contraire, les ivoiriens sont fiers, non seulement d’être ivoiriens mais aussi de vivre en parfaite harmonie avec les communautés étrangères vivant sur l’étendue du territoire national.

En ce qui nous concerne, nous, femmes leaders akans attachées à la paix, à la stabilité et au développement de la Côte d’Ivoire réunies ici, voudrions dire au président Bédié que nous voulons la paix, que nous sommes fatiguées des tensions politiques. Nous voulons élever nos enfants dans la paix.

Nous invitons donc le président Bédié à mettre un peu d’eau dans son vin, pour ne pas entrainer notre pays vers une crise politique plus dévastatrice et plus catastrophique au motif de vouloir être candidat du PDCI.

Que M. Bédié se souvienne qu’il n’y a pas longtemps, il s’était rendu au Ghana où il a affirmé et témoigné qu’il était ghanéen au près du Roi des Ashantis dont il avait demandé, en sourdine le soutien moral et financier de sa candidature pour la présidentielle de 2020.

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais à présent, vous inviter à suivre l’intégralité de la vidéo inédite & vérité, qui illustre bien des propos du président Bédié sur ses origines, son appartenance, ses liens avec Ghana, et son allégeance au Roi des Ashanti en ce moment précis de l’histoire où il ressort une haine contre les pays voisins à la Côte d’Ivoire.

Il importe de rappeler que M. Bédié a toujours caché ses origines, en laissant croire la suprématie d’une partie des ivoiriens, au travers de leur souche « multiséculaire » sur d’autres ivoiriens, en dépit de l’histoire du peuplement de notre pays qui s’est fait par vagues successives et de la consécration de l’indépendance de la Côte d’ivoire le 07 Aout 1960. 

Je vous remercie de votre bien aimable attention. 

Fait à Abidjan, le 21 juin 2019

Pour les Femmes Akans et femmes leaders attachées à la paix, à la Stabilité et au Développement de la Côte d’Ivoire

Madame EHUI Odette

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