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Dans une contribution au débat, dont Abidjan.net a eu copie, le sociologue, ancien prêtre et leader d’opinion, Jean Claude Djéréké, se prononce sur le rapprochement entre les présidents Bédié du Pdci-Rda, Gbagbo du Fpi, et Guillaume Soro. Il milite pour une réconciliation non sélective et interpelle ces leaders de la vie politique ivoirienne. Ci-dessous, son texte intégral.

Laurent Gbagbo vient de recevoir et de discuter avec Konan Bédié qui, non content de l’avoir combattu et renversé avec la complicité de Sarkozy et de Dramane Ouattara, le traita de tyran, puis se réjouit de sa déportation et de son incarcération à la Haye. Si l’on en croit les rumeurs, il n’est pas impossible que l’ancien président accueille, dans les jours ou semaines à venir, Soro Kigbafori qui ne se priva pas, en Côte d’Ivoire comme à l’étranger, de l’accuser d’être un mauvais perdant et d’avoir exterminé des nordistes, des musulmans et des ressortissants de la CEDEAO.
Ayant prôné depuis plus d’un an une union sacrée des fils et filles d’Éburnie, non pas pour former un gouvernement d’union nationale ni pour aller à des élections truquées et gagnées d’avance par le RDR, mais pour chasser celui qui nous pourrit la vie depuis 1999 et n’a travaillé que pour les étrangers, je ne puis que saluer la décision des trois (Bédié, Gbagbo et Soro) de se mettre ensemble pour sauver la patrie en danger, pourvu qu’ils soient sincères, demandent publiquement pardon au peuple ivoirien à qui ils ont causé énormément de tort et le dédommagent d’une manière ou d’une autre car il faudra plus que “je demande pardon” pour apaiser et désarmer les cœurs.

Pour moi, Gbagbo aura accompli la chose la plus difficile, et ce sera tout à son honneur, s’il se réconcilie avec Bédié et Soro. Or un proverbe grec (Aristote le cite dans son œuvre) enseigne que “celui qui peut le plus, peut le moins”. Et les Français renchérissent en affirmant : “Il n’a rien fait, qui n’achève bien.” Je souhaite que Laurent Gbagbo termine bien ce qu’il a commencé, qu’il ne s’arrête pas en si bon chemin, que la réconciliation qu’il appelle de tous ses vœux et pour laquelle il a mis son parti en mission ne soit pas ciblée, ni sélective ni exclusive mais inclusive. Quelles que soient les fautes commises par lui, quelle que soit la gravité de ces fautes, Pascal Affi N’Guessan mérite, lui aussi, que Gbagbo le reçoive et discute avec lui car il n’a pas fait pire que Bédié et Soro, n’a fait tuer aucun Ivoirien. Qui sait si, au cours de cette rencontre, il ne demandera pas pardon au chef pour les paroles malheureuses qu’il a prononcées et pour les mauvaises actions menées contre ses camarades ? C’est bien beau d’inviter les Ivoiriens à se réconcilier mais parler à tout bout de champ de réconciliation et en exclure le député de Bongouanou, n’est-ce pas manquer de cohérence ? Affi n’est-il plus fils de ce pays qui a besoin que tous ses enfants se remettent ensemble ? Laurent et Simone Gbagbo, Assoa Adou et autres dirigeants du FPI, s’ils veulent être crédibles et pris au sérieux, peuvent-ils continuer à ostraciser et à diaboliser l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo tout en serrant dans leurs bras ceux qui ont nui le plus à la Côte d’Ivoire ?
Certains GORs, coutumiers de jugements hâtifs et simplistes, penseront que je suis maintenant avec Affi ou qu’il m’a envoyé de l’argent pour que je produise cette réflexion. Je m’empresse de leur répondre que je ne suis pas partisan de Affi N’Guessan, ni achetable par qui que ce soit mais que je me bats uniquement pour la justice et la vérité.

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