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Réunis le 15 et 16 février 2021 à N’Djamena, les chefs d’État membres du G5 Sahel ont salué les efforts consentis par l’UA, la CEDEAO et l’UEMOA. Ils ont également salué la montée en puissance, en Côte d’Ivoire, de l’Académie Internationale de lutte contre le terrorisme, dont les actions de formation contribueront au renforcement des capacités des administrations nationales impliquées dans la lutte contre le terrorisme des Etats de la région.

Enfin, ils se sont à nouveau engagés à mutualiser leurs efforts en associant cette fois les pays du Golfe de Guinée et d’autres partenaires européens en vue de combattre les groupes djihadistes dans le Sahel. Voici l’intégralité des décisions du sommet de N’Djamena.

1/ En matière de lutte contre le terrorisme

Les chefs d’Etat se sont félicités des résultats enregistrés face aux groupes armés terroristes (GAT) depuis le Sommet de Pau. Toutefois note le communiqué final, la menace persiste, les femmes, les jeunes filles, les groupes vulnérables demeurant souvent les plus touchés par le conflit. Cette menace requiert vigilance et persévérance jusqu’à l’éradication totale du fléau du terrorisme dans cette région. Ainsi, les chefs d’Etat ont affirmé leur détermination commune à poursuivre la lutte contre le haut commandement du GSIM et l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS).

Aussi, lancée le 27 mars 2020, la Task Force Takuba a atteint sa capacité opérationnelle initiale le 15 juillet 2020 grâce au déploiement de groupes de forces spéciales franco-estonien et franco-tchèque. Elle sera pleinement opérationnelle d’ici l’été 2021 après l’arrivée prochaine des contingents suédois et italiens. D’autres pays, comme le Danemark, le Portugal et les Pays-Bas, déploient déjà des officiers au sein de l’état-major et pourraient renforcer leur engagement.

Certains, enfin, comme la Grèce, la Belgique, la Hongrie, l’Ukraine, la Slovaquie et la Norvège, ont manifesté leur intérêt pour rejoindre l’initiative. Enfin, les chefs d’Etat du G5 Sahel ont également exprimé leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté à la force Barkhane par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Espagne et le Canada.

2/ En matière de renforcement des capacités militaires des Etats Membres du G5 Sahel

Les chefs d’Etat se sont félicités des progrès enregistrés dans l’opérationnalisation de la FC-G5S et saluent le déploiement en cours du bataillon tchadien de 1200 Hommes dans le fuseau Centre conformément aux modalités qui seront arrêtées par le G5S. Ils ont souligné le soutien continu des partenaires internationaux. Grâce à l’appui de l’Union européenne (UE) et de la MINUSMA, le nouveau PCIAT de la FC-G5S, inauguré en juin 2020, est désormais pleinement opérationnel. Notons que l’UE s’est à nouveau engagée à apporter, sur la période 2017-2023, un soutien au G5 Sahel (FC-G5S et institutions) à hauteur de 284,5M€.

Les chefs d’Etat ont salué les efforts consentis par l’UA, la CEDEAO et l’UEMOA en appui aux Etats du G5 Sahel. Ils se sont félicités de la réélection de Moussa Faki Mahamat à la tête de la Commission l’UA. Ils ont pris note du projet de l’UA de déployer une force africaine de 3000 hommes au sein de la FC-G5S. Ils ont remercié l’UEMOA pour le versement en 2020 de 100M$ au profit des pays du fuseau centre, dans le cadre du plan d’action de la CEDEAO pour lutter contre le terrorisme sur la période 2020-2024.

Les chefs d’Etat ont appelé au renforcement de la coordination entre les pays du G5Sahel et les pays riverains du Golfe de Guinée face au risque d’extension de la menace terroriste. Ils ont salué les efforts en cours pour l’opérationnalisation du plan d’action 2020-2024 de la CEDEAO pour éradiquer le terrorisme. Ils ont salué la mobilisation régionale dans le cadre de l’Initiative d’Accra et appelé les Etats côtiers concernés à une stratégie globale pour faire face à cette menace potentielle.

Les partenaires internationaux ont exprimé leur disponibilité à leur apporter un soutien par rapport aux objectifs de renforcement de la présence des administrations et des services publics dans les provinces septentrionales, l’amélioration du partage du renseignement et des capacités de surveillance avec, à terme, la création d’un centre régional de fusion du renseignement et d’harmonisation de la formation au profit des forces et services de sécurité.

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Ils appellent les Etats concernés à déployer effectivement des forces de défense et de sécurité aptes à coordonner leurs opérations dans les zones transfrontalières afin de lutter contre l’insécurité, l’incursion de groupes armés, le trafic de drogue ou d’armes et l’immigration clandestine. Ils ont, enfin, salué la montée en puissance, en Côte d’Ivoire, de l’Académie Internationale de lutte contre le terrorisme, dont les actions de formation contribueront au renforcement des capacités des administrations nationales impliquées dans la lutte contre le terrorisme des Etats de la région.

3/ En matière d’appui au déploiement de l’Etat, des administrations et des services sociaux de base

Les chefs d’Etat ont collectivement reconnu qu’au-delà de l’effort militaire, c’est le retour de l’Etat, des administrations et des services aux populations ainsi que la consolidation de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance, qui garantiront une paix durable, répondront aux besoins actuels des populations, permettront la stabilisation des pays du G5 Sahel et feront durablement reculer les GAT.

À ce titre, ils ont appelé à une accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation (APR) au Mali issu du processus d’Alger, conformément aux conclusions des réunions du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) qui se sont tenues en novembre 2020 à Bamako et en février 2021à Kidal. Les chefs d’Etat ont salué les initiatives de la MINUSMA en appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. Ils ont appelé le Conseil de sécurité à renouveler le mandat de la MINUSMA en juin 2021

4/ En matière de traitement des causes profondes de l’insécurité

Les chefs d’Etat se sont félicités du renforcement des actions de développement, rendu possible par l’Alliance Sahel, dont le portefeuille de projets atteint désormais les 17 milliards d’euros d’encours. En trois ans, le volume du portefeuille des projets de l’Alliance a doublé, tout comme le rythme des engagements et des décaissements annuels.

Cette évolution remarquable traduit la mobilisation continue des membres de l’Alliance dans l’accomplissement des objectifs issus du sommet de Pau, notamment concernant l’accélération des procédures d’instruction et de mise en œuvre des projets, ainsi que la recherche d’effets de levier sur les financements mobilisés, les cofinancements et les projets communs.

Ils ont noté avec satisfaction les décisions adoptées lors de la 2ème Assemblée générale de l’Alliance Sahel qui s’est tenue, le 15 février 2021. Ils se félicitent de l’annonce du prochain lancement du nouvel instrument de financement de l’Alliance Sahel, initié par l’Allemagne, et de la décision d’accompagner les efforts des Etats du G5 Sahel dans la mise en œuvre de réformes structurelles en faveur d’une gouvernance transparente, inclusive et efficace.

Ils notent que l’Alliance Sahel travaillera dans le cadre de la Coalition pour le Sahel, afin de mettre en œuvre une réponse coordonnée et adéquate aux nombreux défis sahéliens, en étroite coopération avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel (SE-G5S) et le Partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel (P3S).

5/ Mise en place de la Coalition pour le Sahel

Les chefs d’Etat se sont félicités de l’opérationnalisation du Secrétariat de la Coalition pour le Sahel (SCS) avec la nomination de son Haut Représentant, Djimé Adoum et soulignent l’importance de créer les conditions juridiques et le statut nécessaire permettant d’exercer un plaidoyer de haut niveau. Ils lui demandent d’assurer un suivi des conclusions du présent Sommet, notamment dans la synchronisation des quatre piliers, et de poursuivre le dialogue politique de haut niveau avec les chefs d’Etat de la région et des partenaires, dans un esprit de responsabilité mutuelle, en lien étroit avec le Secrétaire exécutif du G5 Sahel.

Les chefs d’Etat ont souhaité qu’une réunion ministérielle de la Coalition pour le Sahel puisse adopter dans les meilleurs délais une feuille de route permettant d’opérationnaliser les orientations retenues lors du présent sommet. Ils ont exprimé leur disponibilité à organiser un Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Coalition pour le Sahel, au cours de l’année 2021

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